Mais que signifie « bientôt », quand l’avenir passe son temps à singer le passé ? Je préfère encore lever les yeux à l’endroit des étoiles moins mortes que ne le prétend le ciel d’étrennes d’où je nous observe. Lever les yeux vers les étoiles, puisque tu ne peux pas, pas encore du moins, abaisser les étoiles à notre niveau (et, ne t’en offusque pas, mais je prie tous les dieux des hommes pour que cela ne change jamais : ils en feraient un commerce, la seule chose pour laquelle ils semblent doués, petits mercantilistes du cosmos).
Vois : cent-mille années-lumière. C’est le temps qu’il faut à ton silence extatique pour allumer la bougie de mon cœur en résilience perpétuelle. C’est aussi la distance qui sépare tes opportunités de mes doléances ; tes besoins de mes envies. Ton fantôme de mon ectoplasme ; le soleil que tu as toujours été de la lune que je ne serai jamais. Le possible qui m'a longtemps habité de l’improbable que je suis devenu. Mais toi, si loin dans l'ailleurs tu te tiens...
Si loin, mais pas si éloigné de la galaxie alambiquée de mes rêves désastronomiques : cent-mille années-lumière, c’est surtout l’éternité qu’il nous reste à vivre par-delà les chandelles, les ombres, et ces murs de populaces repues du tout-venant imposé par le coma des mortels. Et si cette éternité-là ne suffit pas pour peser sur l’indivisible, nous en fabriquerons d’autres : personne mieux que nous n’a la science du tricotage d’étoiles. Nous avons, pour y parvenir, l’éternité et des poussières. Au moins.
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