Tu as voulu savoir l'horoscope du jour …
C'est donc qu'il va pleuvoir sur chacun des 'bonjour'
que tu adresseras à ces passants qui passent,
où tu caresseras ces espoirs qui trépassent !
Tu voudras approcher tous ces pensants qui pensent,
- ceux qui t'ont reproché ton penchant pour la panse !
Tu baigneras dans l’huile, autant que dans l’amer,
tes innombrables tuiles, indéfectibles mères
qui t’ont toujours porté en leur sein-te-n’y-touche,
sans jamais t’apporter leurs fusils sans cartouches !
Tu maudiras les cieux de n’être pas remplis
de tes vers sentencieux, mais des bleus de l’oubli !
Veux-tu toujours savoir ce qu'il t'arrivera
que tu n'aies le pouvoir du qui vivra verra ?!
Pour ta gouverne alors, prends-toi ça dans les dents !
du mors, dedans, sans l'or - en berne cependant :
tu auras quinze enfants, faits de bric et de broc,
des troupeaux d'éléphants qui te mettront en troc
contre un jeu vidéo, et contre toute attente,
un vertige des hauts : appuie sur la détente !
Cent femmes tu auras, et autant de freluches :
aucune ne pourra se traiter de greluches !
Et dans tes vains foyers, les rentiers passeront
réclamer cent loyers, dix dentiers et un rond !
Tu as voulu savoir, alors tu vas connaître
le cul qu'il faut avoir pour apprendre à renaître !
Tu montreras ta queue, pour qu’on te la compare,
et tu feras la queue, pour qu’on te la répare !
Tu donneras du grain à moudre aux imbéciles
qui pensent que " ça craint " de passer pour fossiles !
Quand tu voudras noyer tes chagrins dans l’alcool,
l’État va t’envoyer de quoi poser tes colles !
On te demandera : ‘Que fais-tu dans la vie ?’
Et toi tu répondras : ‘je donne mon avis
Sur le n’importe quoi formé du rien du tout !
Peu m’importe, narquois, ce tout ou rien partout;
je ne suis qu’un chanteur des demains qui déchantent,
un vilain enchanteur des chemins qui tout-chantent !
Et tu iras toujours de l'avant du derrière
aux creux des petits jours, direction la fourrière !
Tu te feras baiser par cent mille antilopes
au rire déniaisé de raves nyctalopes !
Et à propos de rêve, tu peux toujours courir
pour attendre une trêve à la pince sang rire !
Il faut aussi noter que tu as de la chance
(on peut même ajouter qu'il s'agit d'une urgence !) :
tu auras des grossesses - nerveuses mais subites ! -
où tu riras sans cesse à des monts qui t'habitent !
Et il se peut aussi que tu mènes des guerres
aux fronts déjà occis : ceux de champs de naguère !
Mais tu récolteras plus d'ers que de médailles
quand tu écouteras le doux bruit des chants d'ail !
Tu chercheras l'engin qu'il faut pour le silence,
mais n'auras pour vagin que la sotte insolence !
Tu prieras qu'on t'aime autrement qu'en pensée,
or là n'est pas le thème astralement pioncé !
Tu veux toujours savoir ce que sera demain ?
Alors prends ton bavoir, et trace ton chemin :
des sentiers par milliers, des routes par centaines,
des connards familiers, des airs croque-mitaines !
Et tu avaleras les plus grosses couleuvres
quant tu dévaleras les pentes des hors-d’œuvres
qui te seront offerts en présents imparfaits,
comme chefs-d’œuvre à faire aux passés trop parfaits !
Et tu diras amen à tous les dieux possibles,
pourvu qu’on te ramène aux adieux impassibles !
Tu voudras oublier, l’espace d’un poireau,
ton fichu tablier de sublime blaireau !
Tu raseras les murs plutôt que ta moustache,
qui souvent te murmure : "tu n’es qu’une pistache !",
cette tâche de pisse au beau milieu d’un lit
qui te cloue à l’hospice où sombre ta folie :
et tu voudras savoir, même dans ce néant,
si c’était ton devoir de finir Fée-Néant !
Annonce la couleur du beau ciel qu'il fera :
énonce la douleur du sel qu'on y mettra !
Épuise tes soupirs au royaume des cons,
et puise à son empire un ultime picon
de brune et d’âcre bière à la jolie faconde,
comme une mise en bierre à la folie Joconde !