Il vient dans ton venin, séduit par tes atours. Mais tu n'as de remède à offrir qu'en sursis. Plus tu te fais violence, plus il se fait douceur. Tu fais tomber souvent la pluie dans son regard d'amant de la patience. Souvent, bien trop souvent; bien plus souventes fois que tu n'y fais briller le soleil de ton âme. Tu vas vraiment finir à force par te perdre, en même temps que lui, qui se désolera d'avoir moins insisté... Mais il insistera, en vers et contre-fous, jusqu'à son dernier souffle, parce que c'est son choix, son voeu, son châtiment. S'il devait te laisser, il y perdrait sa foi, son âme et son crédit. Mais tu ne lui dois rien, tu ne lui devras rien, ton coeur est insolvable, le sien tient dans sa main : une âme à découvert, un débit de promesses, et tout un avenir à mettre à ton actif de son passé passif. Une dette envers soi, comme un compte à solder envers les éléments qui t'ont rendue poussière : de la glace et du feu, déposés sous scellé sur un compte en banquise, où le froid et le chaud se disputent ton corps, dans un dernier accès de fureur amoureuse au fameux coffre-fort qu'est ton ombre inviolable.
Pour solde de tous comptes... mais tu ne lui dois rien, tu seras simplement redevable de tout ce qui fait le parfum de ta nuée de vie. Sa mission ici-bas : te sauver malgré toi. Ta banquise est en flamme, ton corps à découvert. Et, venu du magma des archives du temps, il vient, empli d'amour, déposer le bilan de tes échecs passés, pour reposer ton âme et l'offrir aux impôts des mains de l'impossible.
Voici, l'argent te rit. C'est ton argent content. Mais comptant pour du beurre : tout n'est que fourberies et menu déroutant chez les esprits flambeurs.
A présent, sauve-toi; ne te retourne pas, mais retourne à l'absence, à l'appel du devoir, aux devoirs sans appels, aux banquises de feu. Tu as réglé son compte à l'acteur des passifs qui meublent ta cervelle. Plus rien n'est à quitter, quand tout est en quittance; les coeurs à débiter ont soldé leur vacance.
Il quitte ton terroir : il a manqué l'instant où il germait ton monde.
Il referme un tiroir où tu as ton comptant d'arsenic et d'osmonde...
... Tu lui règles son compte en ruinant ses espoirs de t'habiller d'étoiles; que peut-il lui rester à essaimer en toi ? Ne te retourne pas, il connaît le chemin.
Peux-tu en dire autant - Pour toi, rien n'est moins sûr...
... Au temps pour lui, il vente, il pleut autant qu'il neige, son âme est salutaire, et la tienne assassine : les comptes sont donc bons, surtout celui d'ailleurs, les coffres sont emplis de ton venin discours, il peut se fossoyer. Quand tout est pardonné, il ne peut rien manquer que le droit d'excuser les raisons sans motifs.
Jette encore un regard sur ton si doux visage : tu as toujours le feu dans tes yeux pour narguer les soldes de tous comptes.
Et tes voeux pour pleurer.
(...)
Argent content.
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