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•••   É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞   °°°

••• É𝐜𝐨𝐭 𝐝𝐮 𝐒𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞 °°°

Dernier Vertige avant l'Oubli.


~~Le S@igneur des Agneaux~~

Publié par Fil@ment sur 3 Juin 2009, 14:15pm

Catégories : #Fou Aliénor !

 


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L'inquiétude s'empare de mon ventre malfamé : j'ai grandement besoin d'avoir faim, et je n'ai tué personne depuis au moins hier.  Que m'arrive-t-il, je l'ignore, mails il faut que les choses reprennent le cours normal du fleuve de cette vie que j'ai cueillie à la seule force de mon glaive. Remontons à la source du mal pour y puiser les raisons de mon abstinence assassine, cela ne peut point durer. Assassiner sans haine et avec force douceur est ma seule raison de vivre. La mort a besoin de moi pour continuer à vivre intentionnellement; elle m'a donné toute latitude pour exterminer en son nom sous toutes les latitudes, pourvu que je ne fasse pas souffrir plus d'une agonie sans fin. Nul plaisir à voler un peu de vie; ce n'est qu'une fonction, une tâche, un tribut. En aucun cas une vocation. Tout au plus un sacerdoce jubilatoire que je n'échangerais pour rien au monde, pas même contre le collier de toutes les vies mises bout à bout : laissez-moi égrener tranquillement mon chapelet d'âmes à prendre.
Car j'ai tué gentiment toute une vie durant, et même au-delà. Enfin non, aucun au-delà dans une vie, il y a suffisamment à dépecer dans celle-ci. Je suis né pour faire mourir, je n'y peux rien, c'est écrit dans mon sang, et dieu sait si j'aime le sang, surtout celui de mes congénères. Pourtant dieu n'a rien à voir là-dedans, s'il est de chair et de sang et que surtout il existe un peu sur mon chemin, je me ferais un devoir de lui ouvrir les voies du Saigneur en même temps que les veines intemporelles du nectar amer. Car s'il y en a un qui le mérite, c'est bien lui. Délices de la contrition inversée que de passer dieu à trépas...
         
Mais pour l'heure je n'ai pas envie de jouer à la foi bâtarde et intéressée en un être suprêmement idiot, seul m'importe le salut de mes frères d'ici-bas. Je ne conçois pas de haïr mon prochain, leur âme m'est infiniment plus précieuse que leur nature pestilentielle, et ce n'est que parce que j'ai su très tôt que j'étais le pire specimen du mortel univers que j'ai entrepris de faire oeuvre utile en soulageant les braves du poids d'une carrière humaine : je tue par bonté, et sans doute par désoeuvrement. Peut-être même par égoïsme primaire; mais en tout cas par altruisme dévergondé, l'un ne peut aller sans l'autre. Très tôt dans mon parcours du combattant solitaire l'évidence s'est imposée à moi : faire du social, mais du socialement tolérable. Le sang est la plus belle denrée que je pouvais sauver. Que voulez-vous, chacun son dilemme : chez certains l'argent doit couler à flots; pour moi c'est le sang. L'on peut acheter l'un avec l'autre, mais pas forcément le contraire, et c'est là que réside ma singularité universelle, mon unicité particulièrement humaine : tuer pour n'avoir pas à trucider. Ôter quotidiennement une vie pour en apprécier l'indispensable futilité. Faut-il que je sois à ce point aimant de mon engeance pour consentir à participer à son Golgotha permanent ! Faut-il que je sois rassasié depuis des lustres, et nourri aux seules sustentations célestes, pour me faire épine au milieu de tulipes et effleurer de ma dague le derme échu de sanguins vaisseaux fantômes. Jamais je ne suis affamé. Toujours je m'alimente. Je n'ai plus faim, j'ai juste un insondable appétit de vivre.

          Mais, ce matin et pour le reste de mes journées séculaires, j'ai soudainement faim. Le devoir m'appelle, je dois rôder au milieu du monde vociférant d'amour, et trouver une proie réfractaire à la vie. Un volontaire pour copuler avec la mort, une âme en peine d'amor, et mon épée est le meilleur amant qui soit : la lame, effilée comme le vent méthanique d'un sol martien, va joyeusement à la rencontre de son amour du moment, et laisse en son coeur la preuve indélébile que le bonheur existe, le foutoir itou, et le nirvanah idoine. Mourir est une chose fastidieuse pour la plupart des êtres d'ici, un état permanent pour mieux rendre compte de l'orage de vivre.  Pourtant, mourir est une joie indispensable à mon appétit, et mon appétit est éternel depuis que l'homme a marché sur la tête. Ou sur la Lune, mais pour moi c'est synonyme : le satellite de notre bleue planète amère est mon dessein animé de bonnes intentions, ma marée motrice aux flux sanguins inversement proportionnels au ressac d'os qui peuple l'âne atomiquement correct. J'ai si faim...
          ...Je vais prendre une vie vers midi, non ce ne sera pas mon repas, j'abhorre l'anthropophagie; je ne fais que du social, je l'ai dit récemment à mon sphincter. Ou à votre notaire, je ne sais plus guère. Allons, il me faut sauver une âme. Une âme qui vive... Mais laquelle choisir, puisque personne n'est assez honnête pour refuser de proposer celle de son voisin ? Comme d'habitude je devrai ne compter que sur ma sainte conscience, et trancher dans le vif des sujets, au hasard planifié, avec force humanisme et empathie imputrescibles. J'aime çà chanter cependant que je massacre allègrement; mais je ne tiens guère de registre, ce serait macabre, et le machiavélisme m'indispose au plus haut point de non-retour. Dois-je le répéter, mon oeuvre est absolument utile à la vanité existentielle. Je chantonne malgré vous lorsque je vous tue-tête et que je vois votre sang batifoler d'un plaisir rubicond quand il s'affale, aseptisé, sur le versant ignifugé de ma lame justicieuse. Grandiose mission... Car c'est toujours là que je mesure l'indispensable inutilité de ma tâche, certes ingrate mais si insidieusement gratifiante, à l'aune d'un regard qui s'éteint : -je ne fais que voir, je n'ai pas le coeur à regarder- voir le navire d'une vie quitter le port de l'existence et gagner l'horizon divin de l'océan des abymes est le plus beau spectacle qui puisse exister. Surtout pour qui ne sait pas nager, mais cela n'est pas d'importance extrême : j'offre toujours des bouées de sauvetage. En plomb nécessairement, parce que délester les âmes que je sauve du surpoids de leurs péchés futurs participe de la bonne marche de l'oeuvre qui m'incombe. Et parce qu'il m'est imposé, dans le code d'honneur dont l'origine se perd dans la nuit des temps du 20ème siècle, de m'astreindre à une ascète absolue, dont nulle mort n'a idée. Et j'exige pour moi-même ce que je ne requiers point d'Autrui : vivre et laisser mourir, si possible en participant activement à la sauvegarde des données du système solaire de derrière les fagots. Tel est mon châtiment béat et odieusement jouissif : du sang neuf pour la matrice qui m'a donné le jour. Béni soit ce jour maudit où je vins au monde pour le détruire généreusement. Non, je rectifie : il ne s'agit pas, ainsi que je le redirai plus tard à mon second sphincter, de destruction; plutôt de déconstruction, l'expansion de l'Univers l'exige ainsi, et je ne saurais le contredire. Mes frères humains comprendront que leur mort ne tient qu'à un filet d'épée. Ils m'aimeront pour ce que j'ai fait pou
r  eux, ils m'aimeront de ce que je les ai aimés bien avant eux, et largement après eux. Oui, la mort que je donne n'est que le jour que je rends à la vie qui vous fut offerte une nuit sans lune. Pour ma part, j'ai passé ma vie à tuer le temps pour qu'il me laisse vous tuer en paix. C'est une guerre saine, un pacte permanent entre vos vies et vos remords. Ainsi je vous lègue mon amour du vivant sophomore. Sauf aux morts qui ne le sont pas encore. Qui le seront sous peu, ce n'est qu'une question de faim que justifient mes moyens. Ô enfants d'ici-bas touchés par la grâce de ma fulgurance, venez que je vous aime atrocement. Mourez sans honte de la tendre délivrance punitive. Vive la Mort. Alleluiavékrishnallah, ad vitam aeternam si cela vous chante... ?!? Amen, même ! Mais puisqu'au commencement était la faim, voyez comme on se ment sans fin : vous n'êtes pas disposés à cesser de vous éterniser six pieds sur  terre comme au ciel, consentez donc à ce que je vous aime de par mon fléau salvateur : laissez-moi vous crever en douceur, vous ne le regretterez pas, vous pourrez m'en croire... La croix est ma manière, le sang mon oriflamme d'espérance. J'aime à tuer, je tue parce que j'aime mes semblables, je tue pour assurer la survie de l'espèce, je darwinise le jardin d'Eden pour éviter qu'il ne devienne une jungle pareille au réseau sanguin urbanisé par des grands architectes incompétents qui se relaient pour détruire l'entreprise de construction massive que je mène aux seules fins de préparer mes congénères à l'inévitable absolution qui s'empare d'un esprit lorsque je sème l'amour en le débarrassant de son trop-plein de vie obséquieuse. S'il lui vient l'idée de sérieusement prendre le temps d'exister, dieu aura tout le loisir de me remercier de l'oeuvre de salubrité publique que je lui épargne. Mais je ne l'épargnerai pas pour autant, je suis apatride autant qu'imputride. Je me fais neutre au service d'une cause supra-imbécile, la seule qui prévaille, au diable les anges, les gardiens du temple et autres saloperies salutaires : le seul à pouvoir vous sauver de votre vie, vous ne tarderez pas à faire sa connaissance. N'ayez crainte, je serai aussi bref à faire les présentations que long à vous délester de vous-même. Puisque je vous aime tant et que votre sang commande ma bienfaisante barbarie tutélaire.

          Mes amis, que c'est frustrant néanmoins... Je saigne de ne pas savoir faire couler plus de sang qu'il n'en faut pour abreuver les citernes de l'indigence profanée. Je saigne de ne plus couler de source autorisée par de faux seigneurs sans ressources autres que l'appel du loup fossoyé par la bergerie étoilée; point de brebis, point d'agneaux, je ne quémande que des dons de soi. Dons de sang, par ici la sortie, au loin la veine s'épanche sur l'artère qui fait morale pauvre devant l'incontinence éhontée mais tellement compréhensible de mes victimes provisoirement mortes. Sait-on le prix d'un bien quand le métal le plus précieux reside dans l'épée que je brandis pour sauver cette vie de son fourreau inexpugnable ? Imagine-t-on la valeur décente des comburants de l'existence lorsque l'on en retire l'essence, sans plomb ni cervelle mais qu'il n'en reste que du sang pour rappeler que le létal le plus précieux est mort en même temps que l'avis donné par des toujours plus vivants que soi ?
Je n'ai de cesse d'avoir faim. Pendant que vous vous chargez de faire naître des espoirs à chaque coin de verdure céleste, je mets un point d'honneur à vous mourir l'existence, au moins le temps d'assouvir ma faim tout en préparant la vôtre. Car je vous aime, et vous n'en savez rien : mon épée sera là pour vous témoigner mon amour inconditionnel. Ceci est mon sens, ami d'ici, bien sûr pour toi ça n'a pas de sens, mais qu'importe : je t'en viderai jusqu'à plus-soif, et lors, ceci sera mon sang, je fais ceci en mémoire de Vous. Je saigne depuis si longtemps. Et j'enseignerai encore au-delà de l'éternité. Le temps d'un petit trou dans la chair, un petit trou d'air dans la chair, si précieuse qu'elle en devient hors-de-prix, et souvent hors-la-loi lorsque j'e nfais mon marché consciencieux. C'est ma loi du marché.
Et, surtout, c'est le sens de l'Histoire...
Humain, prépare-toi, j'ai si faim du monde.

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P
"Manaloute" a rien pigé, la pov' !!!Pov manaloute, vous savez pas que 99,99 % de fous sont dehors !!!
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C
Clairement tu as effrayé cette dame. Pas bien!!;-)Si elle savait toute ta tendresse, aussi.Tous nous traînons nos ombres et nos lumières.
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C
Tu veux bien me tuer?
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M
C'est immonde. Je me demande ce que vous faites en liberté... Il faut vous faire soigner mon pauvre !!! vous ne semblez pas disposer de toutes vos facultésJe suis vraiment outrée de tomber sur une telle apologie de la violence.
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